Les gares, ces plates-formes immenses et éternelles où le monde, inlassablement, se divise en deux dans un ballet perpétuel.
Ceux qui partent ont le regard clair et le pas large; leur visage est frais et leur sourire bienveillant. Souvent, ils regardent le panneau d'affichage comme les résultats du loto, avec l'air distrait de celui qui voudrait laisser le hasard décider du cours des choses et des voyages.
Ceux qui reviennent sont amers et doux, ils marchent un peu plus vite en regardant le sol, en regardant le gris du bitume et des escalators, en regardant la poussière de la ville, de ses couleurs fanées, de ses couloirs sans lumières et de ses néons sans chaleur, en regardant se croiser les chemins de citadins qui marchent seuls, l'air absent, l'air ailleurs, l'air assoupi.